José JACQUES GUSTAVE

Publié le 1 Mai 2009

usqu'à présent, José Jacques-Gustave, le PDG de l'entreprise G2J, première bénéficiaire du fonds d'investissement Citizen Capital, n'avait peur que d'une chose. Que ses clients découvrent l'envers du décor : la modestie de sa multinationale, spécialiste de la vidéoconférence.

 

Les services qu'il offre sont certes disponibles 24 heures sur 24, il dispose d'une filiale à Shanghaï, d'une autre à Londres, de bureaux en France métropolitaine et dans les DOM-TOM... Mais ses effectifs sont si réduits qu'il n'ose pas les mentionner, de peur de terroriser ses clients parmi lesquels EDF, Danone, Auchan, le FMI, la Banque de France, la Réserve fédérale américaine, ou ces quatorze équipes chirurgicales qui, en mai 2008, lui ont confié les télétransmissions des opérations de téléchirurgie planétaires qu'elles réalisaient.

A part donc la taille de sa firme, ce Martiniquais de 44 ans, doté d'une carrure imposante, semble n'avoir peur de rien. Ni de démissionner, en 1994, à 29 ans, d'un poste confortable à la BNP pour créer son entreprise, à Fort-de-France, avec pour tout diplôme un BTS d'action commerciale. Sans un sou. Sans relations. Sans appui familial, si ce n'est le scepticisme de sa mère, fonctionnaire, et de son père, transporteur de bananes.

 

LA CRISE ? UNE AUBAINE

 

C'est à ses professeurs du lycée Flaubert de Rouen, où il est venu étudier deux ans pour obtenir son BTS, qu'il doit d'avoir attrapé le virus de la création d'entreprise. Après avoir créé une société de call-back, c'est-à-dire de mise en relation téléphonique internationale, il se lance en 1997 dans la vidéoconférence et quitte Fort-de-France pour Paris. Puis, en 2004, il part vivre trois ans à Shanghaï, avec femme et enfants. China Telecom lui facilite les formalités. "Ils étaient très sensibles au fait que je m'installe sur place."

La crise est, pour lui, une aubaine. Une vidéoconférence coûte moins cher que des voyages... et dégage moins de CO2 ! "On voit venir de nouveaux clients : Météo France, des partis politiques, pour leurs réunions de travail. L'UMP a signé. Le PS, pas encore. Le Front national nous a sollicité deux fois, en 2000. Ils étaient en avance ! Mais nous avons refusé. Je ne voulais pas être la boîte qui reçoit de l'argent du FN."

Il a besoin de financement pour intensifier son développement commercial. Les 100 000 euros investis, en 2000, par une vingtaine de membres de sa famille et d'amis, puis les 200 000 euros apportés en 2007, par la Caisse des dépôts et consignation (CDC), l'Agence française de développement, et les conseils régionaux de Martinique et de Guadeloupe, ne suffisent plus. C'est lors d'une réunion organisée par l'association Croissance + qu'il rencontre Laurence Méhaignerie et Pierre-Olivier Barennes. Depuis, il n'a plus peur de rien.


Annie Kahn
Article paru dans l'édition du 28.04.09 lemonde.fr

Rédigé par Karevé

Publié dans #Profils

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