L'appel du 30 avril

Publié le 1 Mai 2009

Que devons-nous entendre par cette expression «Rien ne sera comme avant» qui revient très souvent dans les conversations entre Guadeloupéens et dans les analyses des acteurs du mouvement social qui continue à secouer la Guadeloupe ? Chacun a probablement son idée ou sa réponse à cette question.
Les communistes guadeloupéens ont eux aussi leur approche. Ils savent, par expérience, que la vie est mouvement, que ce mouvement n’est pas linéaire. Il y a des périodes de calme plat où rien ne semble bouger ; des périodes de reflux où tout semble perdu ; des périodes de grand bouleversement qui peuvent si les conditions objectives et subjectives sont réunies, débouchées sur la révolution qui enfante des nouveaux rapports sociaux, une nouvelle organisation sociale. Il existe aujourd’hui en Guadeloupe, des prémices de ce nouvel enfantement.
Dans une déclaration datée du 6 mars 2009, le Comité Central du PCG a affirmé que : «Le mouvement social déclenché par le LKP, confond tous les défaitistes, les assimilationnistes, les intégrationnistes et les idéologues de la pensée unique, de la fin de l’histoire et de la lutte des classes. Il a fait franchir un palier important à la lutte de notre peuple par sa totale émancipation».

65 ans après, un mouvement qui amplifie «l’Appel au Peuple»
En effet, aujourd’hui 30 avril 2009, il y a exactement 65 ans, jour pour jour, que l’Appel au Peuple, texte fondateur du Mouvement communiste à la Guadeloupe, signé par Rosan Girard, Hégésippe Ibéné, Raphaël Félix-Henri et Sabin Ducadosse était rendu public en Guadeloupe.
Cet appel qui annonçait : «Nous sommes les défenseurs de la vérité et nous voulons un monde fondé sur la justice», est toujours actuel et organise les combats contre les «pwofitasyon» et les discriminations.
Cet appel qui proclamait «l’égalité politique et juridique de l’homme et de la femme, et, quelles que soient la race, la religion, le droit de tous au travail, au repos, à la santé» est toujours au cœur des luttes qui se mènent pour l’égalité et les droits humains.
Les idées et les principes qui fondent la conception de la société que veulent les communistes ont été portés, défendus, enrichis par des milliers de Guadeloupéens qui ont milité dans le Parti Communiste. Beaucoup ont quitté ce monde. Certains des vétérans communistes, qui sont l’honneur de la Guadeloupe et la fierté des communistes, sont encore debout aux côtés des nouvelles générations qui poursuivent le combat communiste à la Guadeloupe.
Le Comité Central du Parti rend hommage aux fondateurs du Parti, à tous les militants aujourd’hui disparus et salue avec force et fraternité les continuateurs, ceux qui font vivre aujourd’hui l’idéal communiste dans le pays.
Cet après-midi à 16h00, les communistes iront se recueillir sur le monument dédié à tous les communistes disparus, au cimetière de Pointe-à-Pitre.
Mais, leur démarche ne sera pas tournée uniquement vers le passé. Ils ont une claire conscience de leurs responsabilités devant le pays. La première, c’est de se renforcer, d’être toujours plus nombreux pour accomplir les tâches de la révolution.
Aussi, en ce jour anniversaire, le Comité Central lance une campagne nationale de recrutement de nouveaux membres. Le mouvement social a montré qu’il y a des centaines, des milliers de combattants disponibles pour participer aux luttes qui vont changer notre société.

Comme en 1944, le Comité Central les appelle à adhérer au Parti Communiste Guadeloupéen. «Il y a place dans nos rangs pour tous ceux qui veulent, sans aucune arrière-pensée, l’union active des exploités contre les exploiteurs».
Vivre le 1er mai kont tout pwofitasyon
Le Comité Central salue tous les travailleurs guadeloupéens : salariés, fonctionnaires, précaires et chômeurs en ce jour de rencontre et de fête de tous les exploités de la terre.
Il se réjouit que ce 1er mai se déroule en Guadeloupe en liyannaj et dans la lutte.
Les travailleurs guadeloupéens, soutenus par tout le peuple, viennent de remporter d’importantes victoires sur les forces du capital et leurs suppôts institutionnels. Ils ont fait la démonstration d’un haut niveau de conscience de classe, de détermination, de capacités stratégiques et tactiques qui préfigurent de la puissance que vont atteindre leur mobilisation lors des prochaines confrontations voulues par le patronat, accroché à ses privilèges hérités du temps de l’esclavage.
L’expérience accumulée au cours de ce long conflit et l’émergence de la question identitaire du rapport à nous-mêmes et à notre pays, indiquent que le mouvement social prépare un bond qualitatif sur le terrain des rapports politiques.
Le Comité Central du PCG renouvelle ses félicitations aux travailleurs guadeloupéens et réaffirme la permanence de la solidarité de classe des communistes guadeloupéens.

Le mouvement social pose la question cardinale d’un pouvoir politique guadeloupéen
Le mouvement social qui secoue le pays pose avec force la question d’un pouvoir politique guadeloupéen pour apporter une réponse globale aux problèmes qui conditionnent l’avenir du pays.
Si tout le monde semble être d’accord sur cette exigence, c’est la question des voies et des moyens pour y arriver qui font débat.
La grossière tentative du pouvoir colonial pour, à travers des Etats Généraux truqués, donner l’illusion de vouloir prendre en compte cette revendication est déjà invalidée par la fin de non recevoir signifiée par les forces sociales en lutte.
La démarche proposée par le Président Jacques Gillot qui se veut un modèle de démocratie participative se heurte à des handicaps politiques incontournables : un Congrès co-présidé par deux assemblées locales en désaccord sur la méthode et l’échéance et la stratégie politique de l’Etat qui a le dernier mot en ce qui concerne la traduction politique des résolutions du Congrès.
Il est donc clair que, la question d’un pouvoir guadeloupéen ne trouvera pas réponse dans le cadre des institutions contrôlées par l’Etat français.
Les communistes guadeloupéens réaffirment que la question d’un pouvoir politique relève de l’intervention consciente et organisée des masses populaires sous la direction des organisations résolument engagée dans la lutte anticolonialiste.
Le rôle du LKP
Il nous faut être clair. «Le grand mérite du LKP est d’avoir réussi à faire converger dans une même plate-forme et, dans une même direction, toutes les formes de cette lutte de classes : économique, politique et idéologique qui s’exprimaient dans une division stérile».
Ce liyannaj a donné une capacité d’intervention impressionnante au mouvement social. Il a jeté dans l’action des milliers de Guadeloupéens et a arraché des avantages importants sur le plan des salaires, de la baisse des prix, de l’organisation sociale, dans certains domaines économiques.
Il a surtout donné ou redonné confiance aux Guadeloupéens dans leur capacité de se battre et de gagner. Il a permis de renouer avec le pays profond et à faire émerger la question identitaire qui fonde en partie la revendication politique.

Mais, le LKP, par sa composition et pour ce qu’il représente aujourd’hui aux yeux de milliers de compatriotes de toutes conditions sociales et d’engagements idéologiques différents, ne devrait pas se déporter sur le terrain politique.
Il doit rester une organisation de masse et de classe ouverte à toute la population, tout en travaillant, c’est la situation créée par la place qu’il a gagné qui lui impose cette responsabilité, à favoriser l’émergence d’un front politique anticolonialiste.
Le PCG propose : «An liyannaj pou décolonizé péyi-la»

La tâche que nous avons à résoudre est celle de la décolonisation de la Guadeloupe. Cela signifie la libération du peuple guadeloupéen de toute tutelle politique étrangère.
Nous abordons la question de la décolonisation en posant le préalable de l’existence d’un peuple guadeloupéen et la reconnaissance de son droit légitime à l’Autodétermination.
Dans le contexte d’aujourd’hui, marqué par toutes sortes de manœuvres et d’initiatives pour détourner ou effacer toutes aspirations des Guadeloupéens à choisir librement le modèle d’organisation politique et économique de leur choix, le Parti Communiste Guadeloupéen prend l’initiative de s’adresser directement et individuellement aux organisations politiques et sociales de la Guadeloupe pour présenter sa stratégie qui s’articule autour des points suivants :

  • La mise en œuvre d’une démarche unitaire associant les parlementaires guadeloupéens pour demander l’abrogation de l’article 72.a de la Constitution Françaises faisant de la Guadeloupe une population dans le peuple français.
  • La conduite d’une action sur le plan international pour déterminer un groupe de soutien qui portera la demande de réinscription de la Guadeloupe sur la liste des pays à décoloniser à L’ONU. La première étape pourra être la participation d’une délégation politique guadeloupéenne à la réunion du comité spécial de décolonisation de l’ONU qui se tiendra du 12 au 16 mai 2009 à Saint-Kitts et Névis.
  • La détermination d’une majorité politique pour exiger le report des élections régionales de 2010.
  • L’obtention de l’élection d’une Assemblée constituante, élue à la proportionnelle intégrale avec comme compétence l’élaboration d’un projet de statut politique pour la Guadeloupe.
  • L’organisation d’une consultation populaire vers 2011-2012, sur la base du projet de statut élaboré par la constituante.
  • La Constitution d’un «Front patriotique pour un Etat Autonome de Guadeloupe» chargé de diriger la lutte de libération nationale démocratique anti-impérialiste du peuple guadeloupéen.

Le Parti Communiste Guadeloupéen fera avancer ce travail en collaboration avec ses partenaires politiques avec lesquels il travaille depuis deux ans, tout en continuant à assumer ses responsabilités sur le front des luttes sociales avec le LKP dont il est membre.

Il rendra compte à chaque étape des avancées de ce travail aux Guadeloupéens.

Rédigé par Karevé

Publié dans #Politique

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