Star du sommet des Amériques, Barack Obama a une nouvelle fois marqué sa volonté de rupture en proposant un
partenariat sur un pied d'égalité à ses voisins latino-américains, y compris les plus critiques de Washington. Un changement de ton illustré notamment par le «nouveau départ» offert
à Cuba et la poignée de main à Hugo Chavez.
Le chef de la Maison-Blanche a laissé entendre qu'il était prêt à accepter la proposition du président Raul Castro qui a offert des discussions sur
des sujets autrefois tabous pour La Havane, comme les prisonniers politiques.
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Autre symbole, il a salué avec un large sourire le président vénézuélien Hugo Chavez, qui avait tant détesté George W. Bush. La presse brûlait de
savoir ce que le président américain avait dit à celui qui avait comparé son prédécesseur au «diable». «Je lui ai dit "como estas" (comment ça va?)», a confié Barack Obama en
riant. «Je crois que c'était un bon moment», a ensuite jugé Hugo Chavez après cette brève rencontre. «Je crois que le président Obama est un homme intelligent, comparé au
précédent président des Etats-Unis».
Barack Obama n'a pas voulu dire s'il prévoyait un entretien bilatéral avec Hugo Chavez. «Je crois que nous faisons des progrès à ce sommet»,
s'est-il contenté de dire.
Le retour des ambassadeurs respectifs des deux pays expulsés l'année dernière n'a pas non plus été évoqué, selon la Maison Blanche. «Les relations
dépendent de plus de choses que de sourires et de poignées de main», a déclaré le conseiller économique de Barack Obama, Larry Summers, à des journalistes.
Hugo Chavez a, lui, proposé que Cuba, absent de ce sommet, organise le prochain. «Je ne vais pas parler au nom de Cuba. Ce n'est pas à moi de le
faire (mais) nous sommes tous ici des amis de Cuba, et nous espérons que les Etats-Unis le seront également», a-t-il déclaré lors du déjeuner des participants.
Dans son discours d'ouverture du cinquième sommet des Amériques, qui réunit 34 pays, le président américain a fait assaut d'humilité et d'humour
pour promettre un changement de politique, comme de style, à ses partenaires.
«Nous avons parfois été désengagés et parfois nous avons cherché à dicter nos conditions», a-t-il admis sous des applaudissements nourris. «Mais je
vous promets que nous cherchons un partenariat d'égal à égal. Il n'y a pas de partenaire senior ou junior dans nos relations».
Barack Obama a aussi serré la main à un chef d'Etat que le défunt ancien président Ronald Reagan avait passé des années à tenter de déloger du
pouvoir au Nicaragua: Daniel Ortega. Le président sandiniste est venu se présenter au président des Etats-Unis, selon des responsables américains.
Cela n'a pas empêché Daniel Ortega -remplacé lors du scrutin de 1990 qui mit fin à la guerre civile puis remis au pouvoir par les électeurs en 2006-
de dénoncer, dans un discours de près d'une heure le capitalisme et l'impérialisme américain, sources selon lui de tous les maux de l'Amérique latine. Il a même rappelé l'épisode
de la Baie des Cochons, tentative d'invasion américaine de Cuba en 1961, tout en reconnaissant que l'actuel président ne pouvait guère en être tenu responsable.
«Je suis reconnaissant au président Ortega de ne pas me reprocher des choses qui se sont déroulées quand j'avais trois mois», a apprécié Barack
Obama, suscitant rires et applaudissements des autres dirigeants.
Mais la plus forte salve d'applaudissements a accueilli l'appel du chef de la Maison Blanche à un nouveau départ dans les relations entre Washington
et La Havane après près 50 ans de guerre froide. «Je sais qu'il y a un long voyage à faire pour dépasser des décennies de méfiance, mais il y a des mesures cruciales que nous
pouvons prendre pour avancer vers une nouvelle ère», a-t-il déclaré. «Les Etats-Unis veulent un nouveau départ avec Cuba».
Mardi, Barack Obama avait ordonné un assouplissement des restrictions de voyages et de transfert d'argent à Cuba pour les Américains d'origine
cubaine. Un geste dont s'est félicité quelques heures plus tard Raul Castro. Le président cubain, qui a remplacé son frère malade Fidel Castro il y a un an, a proposé des
discussions sur «tout» ce qui divise les deux pays.
La Maison-Blanche a salué cette proposition mais laissé entendre que des actes, comme la libération des nombreux prisonniers de l'île, seraient
préférables. «Ca ne m'intéresse pas de parler pour parler», a confirmé Barack Obama. «Mais je crois que nous pouvons faire avancer les relations américano-cubaines dans une
nouvelle direction».
La question de Cuba, exclue en 1962 de l'Organisation des Etats américains (OEA), est ainsi revenue au premier plan de ce sommet des Amériques
organisé en pleine crise économique mondiale. Aux pays d'Amérique latine qui ont vu chuter leurs exportations, Barack Obama a proposé un nouveau fonds de croissance et un nouveau
partenariat régional pour développer des sources d'énergie alternatives et lutter contre le réchauffement de la planète.
(AP) Mark Smith Source Canoe
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