Conseil général

Publié le 19 Mars 2009

Récupération ?
« Notre première assemblée plénière de 2009 nous conduit à procéder à la transcription budgétaire des engagements que nous avons pris au nom du Conseil Général dans le cadre du mouvement social qu'a connu la Guadeloupe.


Nul ne peut en effet contester le rôle fondamental joué par le Conseil Régional et le Conseil Général qui ont été les premiers à formuler des propositions concrètes favorisant la sortie de crise.

Et je tiens à cet égard à rendre un hommage appuyé et mérité à mon ami Victorin Lurel, auquel j'associe l'ensemble des groupes politiques qui composent les majorités de nos assemblées.

Dès le départ, nous avons apporté des réponses aux revendications posées par le mouvement social dans nos domaines de compétences.

Chaque fois qu'il a fallu prendre des décisions, et souvent dans l'urgence, j'ai toujours pris soin d'y associer les chefs de groupes politiques de la majorité départementale, voire l'ensemble des élus de l'assemblée lorsque c'était possible.

Et lorsque les évènements nous ont conduits à faire évoluer ces propositions, en dépassant le périmètre de nos compétences, nous avons pris nos responsabilités en gardant le seul cap de l'intérêt général.


ce sont ces engagements qu'il nous appartient aujourd'hui de traduire budgétairement au travers de la décision modificative soumise à votre approbation :

Il s'agit notamment de notre engagement à cofinancer pendant un an l'augmentation des salaires compris entre 1 et 1,4 SMIC à raison de 25€ par salarié, pour un coût total de 12M€,

De la prise en charge d'une réduction de 20% du prix payé par les usagers du transport interurbain de voyageurs pour un montant de 3M€, et de l'accompagnement du plan d'aide au départ mise en place par la CCSBT à concurrence de 360000€,

Il s'agit de l'augmentation de 550 000€ du Fonds Social de Solidarité Logement, et de l'attribution de 50 000€ au projet de création d'un bureau d'études ouvrières,

Ou encore de la baisse de 9% de la taxe d'habitation et de 7% de la taxe foncière sur les propriétés bâties,

Dans tous ces domaines, le Conseil Général a assumé toutes ses responsabilités, en effectuant, à périmètre budgétaire constant, un effort de plus de 25M€ qui nous contraindra à réaffecter certains crédits votés au titre du Budget Primitif 2009, comme le décrit le rapport soumis à votre approbation.

C'est cela, mes chers collègues, le sens des responsabilités !

C'est faire face en toute circonstance avec courage et dignité en projetant une vision d'ensemble,

C'est savoir expliquer à nos compatriotes le champ du possible en exposant nos contraintes,
Et c'est surtout pour nous, élus du peuple, remettre sans cesse en question nos objectifs et nos stratégies en vue de trouver chaque jour la meilleure manière de répondre aux aspirations de nos compatriotes.

Agir c'est bien mais toute action suppose une orientation, une dynamique allant en direction d'un but, un système de valeurs.

Les nombreuses réflexions et prises de position ont ainsi montré, à l'évidence, qu'une nouvelle donne est nécessaire et qu'en particulier, nous devons tout mettre en œuvre pour panser les plaies et construire une nouvelle Guadeloupe autour d'un projet fédérateur.

Quel modèle économique voulons-nous bâtir ?

Comment revisiter nos rapports sociaux ?

Quelle nouvelle gouvernance, quels moyens à utiliser pour atteindre les objectifs ?

Quelle Guadeloupe voulons-nous construire ensemble?

Ce sont des questions qui engagent l'avenir de tout un peuple.

Ce sont des questions que nous ne pouvons ni esquiver ni sous-estimer et encore moins ignorer.

Oui, nous avons un défi à relever ensemble mes chers collègues pour reconstruire la Guadeloupe!

Un défi majeur : celui d'une refondation de notre action politique !
C'est la raison pour laquelle, dans le droit fil de l'engagement pris dès la fin d'année dernière, je vous propose de réunir dès le mois prochain le Congrès des élus départementaux et régionaux afin de débattre de la méthode qui favorisera l'élaboration collective de ce projet de société pour une nouvelle Guadeloupe.

Il ne s'agira pas d'un Congrès de plus, mes chers collègues,

Il s'agira d'un Congrès fondateur de la Guadeloupe de demain.

Et si nous vous proposons d'abord de réfléchir sur la méthode et les stratégies, c'est bien parce qu'il ne s'agit pas pour nous d'imposer un projet mais au contraire de faire en sorte qu'il soit le résultat de la plus large consultation et de la plus libre expression.

C'est à dire que nous ferons le pari de l'intelligence collective pour réorienter le destin de la Guadeloupe en ayant comme boussole la plus grande responsabilité possible dans la prise en charge des affaires du pays.

Le mouvement social que nous avons connu est le symptôme d'une société meurtrie par ses inégalités, ses cloisonnements et ses contradictions.

La Guadeloupe est un peuple mes chers collègues !

Un peuple qui vient des profondeurs d'une histoire qui l'a obligé, pas à pas, à reconquérir son humanité et à se donner les armes de la dignité.

Un peuple qui aspire à exister, à être reconnu, à habiter son destin, tout simplement.

Il suffit de relire les interventions de personnalités politiques illustres comme Hégesippe Légitimus, Paul Valentino, Gerty Achimède ou Frédéric Jalton mes chers collègues.

Tous ces parlementaires ont interpelé vigoureusement les gouvernements successifs afin qu'ils comprennent que l'enjeu n'était pas une assimilation truquée mais une émancipation responsable, loyale, salutaire, respectueuse des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen français.

Alors oui mes chers collègues, comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer la semaine dernière à la tribune du Sénat, une refondation s'impose aujourd'hui.

Cette refondation est en marche dans les consciences et commande que nous revisitions le contrat social qui nous unit à ce territoire en bousculant les idées reçues, les archaïsmes et les inerties.

Et sur ce point, je tiens à affirmer solennellement que ce ne sont pas les Etats Généraux qui règleront tous les problèmes de la Guadeloupe !

Dans le prolongement de l'examen de la LODEOM en urgence, ces Etats Généraux constituent la réponse du gouvernement à la crise profonde qu'a traversé l'outremer,

En élus républicains et responsables, nous participerons à ces Etats Généraux afin de contribuer à apporter des réponses concrètes aux difficultés, notamment économiques, qui minent la Guadeloupe.
Mais nous le disons aussi avec force :

C'est aux guadeloupéens eux-mêmes, au delà de leurs différences et de leurs divergences, sans limite, ni carcan, ni calendrier, qu'il appartient de bâtir l'avenir de la Guadeloupe !

Il est nécessaire de repenser les rapports entre l'Etat et la Guadeloupe, mais également les rapports entre le territoire et nous mêmes afin de trouver, ou plutôt d'inventer ce qu'Aimé Césaire appelait « la route des arrivées ».

La route des arrivées pour la production en lieu et place de l'unique corset du consumérisme.

La route des arrivées pour le recrutement local.

La route des arrivées pour des prix plus justes.

La route des arrivées pour la responsabilité.

La route des arrivées pour la jeunesse.

La route des arrivées pour le rayonnement culturel et le partage de l'identité.

La route des arrivées pour une Guadeloupe à l'heure d'elle même, tout simplement !

Cette route est longue et difficile mes chers collègues, elle est semée d'embûches

Mais il n'y a pas de route plus exaltante que celle qui conduit un peuple à mieux prendre en main sa destinée... »
                                                                     

 

Rédigé par Karevé

Publié dans #Politique

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