L’Afrique ne décollera qu’avec les solutions du futur

Publié le 30 Avril 2010

22-04-2010

Dans un contexte de mondialisation, où le protectionnisme revient au galop, il est indispensable d’avoir un marché intérieur important. C’est pourquoi l’Afrique, qui comptera 2 milliards d’âmes en 2050, sera le prochain relais de la croissance, si elle réalise son intégration et opte pour les solutions d’avenir.


Pétrole contre cleantech

Face à la crise énergétique, l’Afrique possède non seulement les énergies fossiles (pétrole, gaz, etc.), mais aussi les ressources (eau, vent, soleil et bois) indispensables au développement des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire et biomasse). Avec 400 milliards d’euros, le continent peut accéder à l’indépendance énergétique, essentiellement verte.

Si on fait une extrapolation avec le coût du baril, l’Afrique peut prétendre à une manne de près de 8000 milliards de dollars, qui peut servir de garantie pour financer un vaste programme continental dans les énergies renouvelables.

En dehors du Mécanisme de développement propre (MDP) et la finance carbone, il existe d’autres moyens pour financer les projets verts. Comme l’a rappelé récemment l’Association des pays africains producteurs de pétrole, lors de sa rencontre en République démocratique du Congo, l’Afrique possède un gisement de près de 100 milliards de barils d’or noir. Si on fait une extrapolation avec le coût du baril (environ 80 dollars le baril), l’Afrique peut prétendre à une manne de près de 8000 milliards de dollars, qui peut servir de garantie pour financer un vaste programme continental dans les énergies renouvelables.

Mobilisation de la diaspora

En faisant abstraction de la crise, les 30 millions d’Africains répartis de part le monde transfèrent environ 40 milliards de dollars par an en Afrique. En Occident et sur le continent, la diaspora peut financer et contribuer à la création de fonds d’investissement et de banque sur le social-green business, dont l’objectif serait de soutenir l’émergence des starts-up. La substance grise est de nos jours la principale matière première du business. Les autorités africaines pourraient mobiliser les compétences de la diaspora dans le cadre de programmes ambitieux de formation et de transfert de technologie. Enfin, une connexion plus forte entre la diaspora et le secteur privé africain est indispensable pour le renforcement des capacités, dans un contexte de forte compétitivité mondiale.

 

Anticiper l’émergence du business du carbone

La crise économique n’a pas eu que des inconvénients. La baisse de la productivité a entraîné une diminution de la consommation d’énergie et donc des émissions de gaz à effet de serre.

La publication par la Commission européenne des émissions des 12 569 industries européennes soumises aux quotas de CO2 démontre une baisse de 11%. Ce qui représente un véritable pactole. Pour un prix à la tonne d’environ 12,65 euros à la Bourse Bluenext (jeudi 1er avril), les 93 millions de tonnes de CO2 des sidérurgistes et des miniers européens rapporteraient aux industriels près de 1,176 milliards d’euros. Les 53 millions de tonnes des cimentiers, environ 670,45 millions d’euros. Les électriciens sont les principaux perdants. Avec un surplus d’émissions de près de 100 millions de tonnes de CO2, ils devraient s’acquitter sur le marché de 1,265 milliard de crédits carbone.

Avec la mondialisation de l’économie et la prise de conscience du changement climatique, le business du carbone sera demain un marché très important.

Dans le cadre des négociations climatiques, on est certain que l’Afrique ne sera pas soumise à une restriction des émissions de CO2. Par ailleurs, certaines multinationales basées sur le continent, dont les activités sont très polluantes et très voraces en énergies, comme les pétroliers, les sidérurgistes, les énergéticiens et les miniers, pourraient tomber sous une réglementation internationale contraignante de sobriété carbone. Loin d’être uniquement une contrainte, c’est une opportunité supplémentaire de business. L’entreprise Rhodia, qui a revu son business modèle et s’est positionnée depuis des années sur le business du carbone, possède aujourd’hui l’un des portefeuilles les plus importants de quotas de CO2 au monde. Elle s’est d’ailleurs associée avec la Société Générale pour créer Orbeo, qui a pour objectif d’optimiser la valeur dudit portefeuille de carbone de Rhodia.

Il y a urgence pour la création des marchés intérieurs de quotas de CO2 et d’une bourse africaine de carbone pour canaliser les flux financiers et dynamiser la finance carbone sur le continent. Après l’Europe, en février dernier, la Chine a inauguré à Tianjin, près de Pékin, son premier marché « cap and trade » basé sur le principe d’échanges des quotas de CO2.

 

A quand le tour de l’Afrique ? 

 

Thierry Téné, directeur de A2D Conseil

Rédigé par Karevé

Publié dans #Avenir

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