Des tresses pour contrer le racisme au Panama

Publié le 27 Mai 2012

 

CAMPAGNE. lA COMMUNAUTÉ AFRODESCENDANTE DÉFEND SES COUTUMES. (Photo : SPÉCIAL EL UNIVERSAL )

 



SAN JOSÉ, Costa Rica.— Teint basané , Yeux noirs perçants et cheveux parfaitement alignés dans une coiffure du style tire-bouchon, la gamine sur l'affiche ne comprends toujours pas. “Maman, pourquoi je ne peux pas porter les tresses à l'école?”, demande-t-elle.

La réponse couve un conflit racial qui secoue ces jours-ci la société panaméenne. La controverse a explosé lorsque, en avril dernier, une maitresse employée du Ministère de l'Éducation du Panama a interdit à la petite Ashley Sánchez d'entrer dans une école primaire avec ses tresses.

Mais le cas n'est pas isolé; l'interdiction des coutumes d'orignine africaine s'étend à de nombreux établissements scolaires, dans un pays qui enregistre de fréquentes dénonciation de discrimination raciale qui touche également les sept ethnies indigènes.

En signe de protestation, la Coordination des Organisations Noires Panaméennes  — groupe non public comprenant plus de 35 institutions religieuses, syndicales, entrepreneuriales, féminines, de jeunes, artistiques et des loges de cette ethnie— a convoqué pour ce lundi (hier) la Journée des Tresses, Panama (“Día de las Trenzas, Panamá”.

Au Panamá, au cours des 15 dernières années, des fillettes et des adolescentes afrodescendantes ont été confrontées à des difficultés en arrivant dans leurs écoles et collèges du primaire et du secondaire alors qu'elles portaient des tresses. On leur a interdit d'utiliser des tresses et nous considérons cela comme un acte de racisme”, indique Alberto Barrow, porte-parole du la Coordination.

Consulté par  EL UNIVERSAL, Barrow a précisé que même si  “ce n'est pas une interdiction officielle” et qu'il n y a pas non plus de directive du Ministère, c'est une “pratique soutenue par certains enseignants et certains inspecteurs de discipline depuis  15 ans et point n'est besoin d'aucune norme du gouvernement. C'est une pratique qui est suffisante mais qui est essentiellement raciste”.“L'interdiction d'utiliser la coiffure en tresse dans les écoles et les collèges est une réalité et ne doit et ne peut pas être sous-estimé par le Ministère de l'Éducation”, a-t-il déclaré .

L'activité de ce lundi devait voir des petites filles et des adolescentes se rendre dans leurs établissements scolaires coiffées de tresses, dans une attiturde de défi à leurs enseignants. L'objectif, selon le porte-parole, est que les femmes  “revendiquent leur identité” dans les établissements d'enseignement. Le Ministère a nié avoir interdit l'usage des tresses.

Dans un pays de 3,4 millions d'habitants, les chiffres du Recensement de la Population et de l'Habitat de 2010 ont montré qu'il y a plus de 311 000 afrodescendants, ce qui équivaut à environ 9,2% de la population. Du fait de sa position dans la ceinture de l'Amérique, le Panamá a accueilli des milliers d'africains mis en esclavage pour être utilisés dans le transport de marchandises entre les océans Atlantique et Pacifique.

Ainsi, durant le 19ème siècle, une immigration de masse des noirs de la Jamaica est venue contribuer aux constructions du chemin de fer et à la première tentative de constructin d'un canal interocéanique , et a au début du 20ème siècle, un grand nombre d'ouvriers noirs prirent part à l'édification de l'actuel.

 Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

http://www.eluniversal.com.mx/internacional/77899.html

 

Posté par guyzoducamer à 18:43 -  - Commentaires [2] - Rétroliens [0] 
Journées des tresses africaines au Panama ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooPar Equipo Otramérica

En République Dominicaine,  il y a une expression qui met en évidence les marques du racisme présent : bons cheveux, mauvais cheveux. Les bons cheveux, évidemment, sont les cheveux soyeux; les mauvais cheveux, ceux qui sont crépus. Et de fait, sur les marchés esclavagistes des Amériques, les femmes et les hommes africains les plus noirs et avec des cheveux les plus crépus étaient estimés à la baisse. Des siècles plus tard, le stigmate perdure.

Au Panamá, la Journée des Tresses ( Día de las Trenzas) a été organisée suite à l'interdiction faite à une petite fille d'entrer dans une école publique avec des tresses… Quelle est la signification de ces coiffures?

La sociologue colombienne Lina María Vargas a rencontré Leocadia Mosquera, une femme afro descendante du Choco qui conserve encore en mémoirepar le récit oral de ses ancêtres  . Dans son ouvrage,  Poética del Peinado Afrocolombiano elle explique dans le détail comment, durant l'esclavage, les femmes africaines utilisaient les coiffures comme de véritables routes pour s'enfuir. Le marronnage commençait sur le front des petites filles et de femmes et se terminait sur la nuque, dans la forêt ouu la liberté prenait la forme de la résistance.

“Si le terrain était marécageux, les tropas [tresses] étaient faites comme des sillons”, explique Leocadia. Et pareil avec les chignons ou avec toute autre formes de coiffure. Ce qui fut une carte sur le cuir chevelu, a par la suite été couché sur la feuille blanche pour le récit du quotidien, et d'ailleurs, dans certains palenques, la coiffure porte le nom de el “sucedido”(ce qui s'est passé). Les travaux dans les mines ou les souffrances dans les plantations prenaient la forme des coiffures et le moment de les faire, comme aujourd'hui, était l'occasion de socialiser et de partager les histoires. “En même temps qu'on tresse, on tricote des histoires”; des histoires clefs pour également raconter les moments précieux : la première année du bébé, les 15 ans des filles, l'émancipation des jeunes hommes à l'adolescence.

De nos jours, les femmes trouvent encore dans la coiffure le temps du récit, de la socialisation . L'histoire a en tout cas perpétué la coiffure afro comme un “mécanisme de résistance”, explique Vargas. Si avant c'était contre l'esclavage, désormais c'est contre  “l'esthétique hégémonique”.

On peut actuellement distinguer deux courants principaux: l' afro-nord-américain, plus en relation avec les stars de la musique ou du sport; et l'afrocaribéenne, également alimentée de façon quasi rituelle par le mouvement rastafari (les dreadlocks imitant les cheveux du roi éthipien Haile Selassie). 

 Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

http://otramerica.com/temas/pelo-bueno-pelo-malo-racismo-y-resistencia/1960

 

 

Rédigé par Karevé

Publié dans #Société

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