Normalité

Publié le 31 Janvier 2009

La Guadeloupe est en train de s'inscrire dans l'Histoire, celle qui porte bien la majuscule.
Cela fait donc le 12ème jour de grève générale  doublée d'une grève des stations-services.
Globalement.
                Pas de travail.
                                      Pas d'école.
Pas ou peu de courrier.
              Pas de transport public.
Banques, administrations, mairies .... fermées
               Ramassage des ordures non assuré.

Plus de centres commerciaux ouverts.

Et la vie va !

Consternation !

Le collectif LIYANNAJ KONT PWOFITASYON démontre que la population parvient à se passer (momentanément -bientôt 2 semaines) de tout ce qui lui semblait indispensable hier.
Prendre sa voiture pour aller chercher le pain.
Manger des produits industriels de supermarché
Hanter les centres commerciaux .......
       CONSOMMER / GASPILLER

Tout tourne au ralenti.
               Chacun s'organise et s'entraide.

C'est  la première fois qu'on débat autant entre nous, les uns avec les autres, les uns contre les autres.

Oui, on peut parler de manipulation du peuple, de complaisance des médias.

Mais on ne peut pas se voiler la face devant l'expression digne d'un malaise profond.

Pourquoi n'y a t-il pas d'opposition claire et ouverte contre le collectif ?

Comment n'est-elle pas arrivée à s'organiser alors que la grève- générale et illimitée - est annoncée depuis la mi-décembre ?

Certains parleront d'intimidation. Ils auront raison. Elle existe. Des deux côtés.

L'absence d'opposition avérée vient du fait que chacun - salarié, employeur, lycéen, étudiant, chômeur, retraité, handicapé, ...- ne peut ignorer que notre pays est plus que mal préparé à faire face à l'avenir.

Ne pas le reconnaître ne peut être que le fait d'égoïstes ou d'imbéciles.

J'ai trop de respect pour les Guadeloupéens et les Guadeloupéennes dont je suis, pour croire qu'ils sont majoritaires.

Je pense que le Préfet, représentant de l'Etat français sur notre île, comme les élus et les socioprofessionnels, a fait preuve tant d'aveuglement que d'outrecuidance en envisageant ce conflit nouveau à l'aune du passé.

L'arrogance des puissants.

Le passé, c'est quoi.

Un seul syndicat, l'U.G.T.G, déclenchant une grève pour des raisons généralement fondées en droit - même si la grève, moyen ultime, était utilisée comme levier premier - dans une entreprise ou un secteur professionnel déterminé, instaurant un rapport de force face à un patronat peu structuré mais solidaire ; finissant par un bras de fer dégénérant lors d'une ultime manif' en saccages de magasins.
"Yo vin fè Kous ayo."

Bref, une organisation immature et isolée de par ses méthodes en face d'une organisation soudée.

Et aujourd'hui ?

Un collectif d'organisations syndicales, sociales, culturelles, politiques transversal et solidaire face à l'Etat, à une organisation patronale majeure, au MEDEF, au président de Région, au Président de Département, aux maires; en ordre dispersé.
En plus, de jour en jour, le collectif reçoit l'adhésion ou le soutien d'autres organisations du même type ici eet ailleurs, l'Eglise de GUADELOUPE, le Grand Orient, France, Haïti, Brésil...

Les a t'il tous manipulés ?

Non, le collectif pose à la face du monde un problème global de société.
De manière digne et mature.

C'est pour cela que la société guadeloupéenne revient tout naturellement aux solidarités anciennes, aux ignames et aux fruits à pain.

Rédigé par Karévé

Publié dans #Société

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article